Salut, le Salut
Langue initiatique
Le Salut
Le Salut
est, pour la tradition chrétienne, la possibilité que l’homme puisse être sauvé
par Dieu, grâce à l’incarnation du Verbe.
Mais il
est important de bien comprendre ce mot afin d’éviter de tomber dans des excès moralisateurs.
Il est
d’abord étonnant que ce mot soit utilisé par tout le monde au quotidien pour
simplement dire bonjour ou au-revoir. En ce sens, salut, désigne une mise en
relation dans un contexte de rencontre ou d’adieu.
Notre
vieille langue celto-bretonne va nous aider à approfondir ce mot.
Salut peut donc se décomposer en
S(é)-(e)L-U-T(e) suivant les petites racines.
Nous
retrouvons la voyelle e qui disparaît fréquemment lors de la prosodie.
La
traduction nous donne :
Sé = Là, ici
El = Dieu
U = indique
l’action de recevoir
Te = toi
Ainsi le
salut est toi qui reçoit Dieu là. Autrement dit le salut désigne le
moment où nous recevons Dieu. C’est l’infusion du Ciel en nous dans notre
incarnation. Ce qui permet de comprendre pourquoi le salut se fait par le
Christ. En effet c’est par son Fils que Dieu a pris chair, c’est-à-dire corps,
dans notre espace-temps. Sans cela, Dieu étant au-delà de Dieu (Maître
Eckart), nous ne pouvons être en lien avec Lui. Un abîme nous sépare. « Dieu,
personne ne l’a jamais vu » (Jn 1, 18).
Le Christ,
parce que vrai homme et vrai Dieu, réalisant en cela l’alchimie parfaite,
spiritualise la matière et matérialise le spirituel. L’homme en qui nait le
Christ et qui l’actualise dans sa vie, le faisant croître en lui, se retrouve
alors sauvé car il devient homme spirituel ou homme parfait :
« Le
Verbe de Dieu a habité́ dans l'homme et s'est fait Fils de l'homme pour
accoutumer l'homme à saisir Dieu, et accoutumer Dieu à habiter en l'homme
selon le bon plaisir du Père» (St Irénée, Contre les Hérésies, III, 20, 2).
Et
encore :
« La
chair modelée, à elle seule, n’est pas l’homme parfait : elle n’est que le
corps de l’homme, donc une partie de l’homme. L’âme à elle seule n’est pas
davantage l’homme, elle n’est que l’âme de l’homme, donc une partie de
l’homme. L’esprit non plus n’est pas l’homme; on lui donne le nom d’esprit, pas
celui d’homme. C’est le mélange et l’union de toutes ces choses qui constituent
l’homme parfait. » (St Irénée, Contre les Hérésies, V, 6, 1.)
Ainsi le
salut est l’actualisation en nous de la vie du Christ qui est donnée, à la
grâce de Dieu, par la descente de l’Esprit en nous.
« C’est
donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfant
de Dieu » (Rom 8, 16).
La langue
celto-bretonne permet de saisir toute la profondeur de ce mot et nous indique
pourquoi nous l’utilisons aussi dans la vie de tous les jours. Loin du langage
dit populaire dans lequel on le cantonne, salut est en fait une formule
spirituelle de politesse ou encore une intention spirituelle de relation.
En disant
bonjour ou au-revoir de cette manière, nous souhaitons à notre interlocuteur
que le Ciel s’incarne et s’actualise en lui. Nous lui souhaitons, ni plus ni
moins, une réelle divinisation. Ce qui est peut-être la meilleure chose que
l’on puisse souhaiter à un être humain.
(la traduction de Yvin de Kerguny pour "salut" est complémentaire, marquant encore plus, si il le fallait, la richesse et la complexité de notre langue)